Axe 4, Equipe 9 | Expositions environnementales pendant la grossesse et l’enfance

Environmental exposure during pregnancy and infancy © EHESP

Objectif général

Notre objectif est de comprendre et améliorer l'évaluation des expositions environnementales pendant la grossesse et l'enfance, en tenant compte des cumuls d’exposition aux agents chimiques et biologiques.
Les populations sont exposées à de multiples polluants provenant de nombreuses sources différentes et selon plusieurs voies d’exposition (ingestion, inhalation…) rendant complexe l’évaluation complète de leur exposition. Nous utilisons des marqueurs biologiques d’exposition qui estiment l’exposition interne et qui de ce fait intègre toute les sources possibles. Cependant, certaines expositions liées à des environnements spécifiques, et en particulier l’environnement intérieur, ne peuvent être abordées aujourd'hui seulement par des mesures biologiques individuelles. L'évaluation spécifique par voie ou source d’exposition est complémentaire, surtout chez l’enfant pour lequel les niveaux d’exposition via les poussières peuvent être élevés, selon la bioaccessibilité des produits chimiques. En outre, la mesure quantitative globale de l'exposition aux agents biologiques (par exemple, les moisissures ou les bactéries dans la poussière à la maison) est rarement réalisée dans des études épidémiologiques environnementales afin d'évaluer leur rôle en tant que facteurs de risque ou comme modificateurs d'effets en interaction avec les produits chimiques.

Exposition aux pesticides à usage agricole

Nos travaux de métabolomique par Résonance Magnétique Nucléaire ont montré que les expositions environnementales aux pesticides à usage agricole chez la femme enceinte sont associées à des modifications spécifiques de l'empreinte métabolique dans les urines des femmes enceintes ainsi que dans le sang du cordon à la naissance. Nous poursuivons ce travail sur un échantillon de 338 femmes enceintes de la cohorte PELAGIE en développant une approche novatrice pour caractériser les expositions de pesticides basées sur des techniques dites non ciblée pour identifier les métabolites de pesticides pertinents dans l'urine couplés à des techniques ciblées pour quantifier ces métabolites (Etude MULTIPEST). Ces données seront liées à l'empreinte métabolique précédemment identifiée, ce qui nous permettra d'interpréter leur capacité à prédire l'exposition aux pesticides agricoles. De plus, en profitant du suivi de la cohorte PELAGIE à 12 ans, cette approche sera utilisée pour identifier les influences d’autres expositions environnementales sur les profils métaboliques à un âge ultérieur de la vie.

Bio-accessibilité à des contaminants chimiques environnementaux

Pour mieux évaluer les expositions aux contaminants de l’environnement par ingestion, une méthode de digestion séquentielle, facile à mettre en œuvre, a été développé pour déterminer à la fois la concentration bio-accessible et totale de métaux dans les poussières ou sols. Elle permet un déploiement à grande échelle et permet de mieux évaluer l’exposition aux cadmium, plomb et arsenic. Sur la base de cette approche, des travaux sont en cours pour mesurer la bioaccessibilité des contaminants organiques dans les poussières d’habitation (Etude CHARAD) afin de mieux tenir compte de la biodisponibilité des substances toxiques pour la reproduction et du développement chez les enfants particulièrement en environnement intérieur.

Expositions agrégées et risques cumulés à des composés chimiques dans les environnements intérieurs

Pour mieux estimer les risques pour la santé des enfants en lien avec l'exposition à des composés organiques semi-volatils (dont certains peuvent être présents dans des produits ignifuges, des agents plastifiants, des pesticides…) nous développons une approche d'évaluation de l'exposition agrégée, regroupant trois voies : inhalation, ingestion de poussière et par contact de la peau avec l’air ambient. Le risque sera évalué en tenant compte des effets et mécanismes d'action communs aux divers composés, indépendamment de leur famille chimique, tout en tenant compte de leur toxicité relative en fonction de données expérimentales normalisées (Etude ECOS-Habitat). De plus, pour tenir compte des changements récents dans l'utilisation des substances chimiques d'intérieur, les expositions et les évaluations des risques seront élargies à la nouvelle classe d'ignifuges organophosphorés. Une étude consacrée à l'évaluation des expositions de ces composés et de leurs éventuels effets sanitaires, en particulier sur le plan cognitif, sera réalisée au sein de la cohorte nationale mère-enfant ELFE (Etude ENFLAM).

Agents Microbiologiques

Jusqu'à présent, l'estimation de la contamination biologique dans l’environnement reposait principalement sur des analyses culturales, biochimiques ou moléculaires liés à des agents biologiques spécifiques suspectés avoir des conséquences sur la santé des enfants. Nous développons une approche intégrative basée sur un test global de détection par séquençage à haut débit de gènes 16S (correspondant à des bactéries) et 18S (correspondant à des organismes tels que les moisissures) d'échantillons de poussière prélevés par aspiration dans les habitations à différents âges des enfants (6 et 12 ans). Cette approche permettra de développer un indice environnemental composite reflétant la charge biologique globale à laquelle les nourrissons et enfants peuvent être exposés dans leur environnement intérieur. Cet indice pourrait être utilisé en combinaison avec des données sur les expositions chimiques, dans le cadre d'études épidémiologiques. De plus, étant donné que notre environnement microbien est fortement influencé par notre propre microbiome, nous recueillons des échantillons de salive chez des enfants âgés de 12 ans pour déterminer, en utilisant une méthodologie similaire, les relations entre les contaminants environnementaux dans les poussières et les contaminants biologiques dans la salive.